C’est puni par la loi ! Et pourtant c’est bien une opération séduction de cette nature que le président a déclenchée auprès des patrons. Laisser entrevoir que les délits financiers seront dépénalisés a de quoi conforter ceux qui ont pris l’habitude de naviguer aux frontières des eaux troubles. Eva Joly a tiré sa révérence, Thierry Jean Pierre nous regarde d’en haut et Van Rumbeke s’est grillé au contact des puissants. La route est libre et d’ailleurs aucune voix « autorisée » ne s’est exprimée pour critiquer.
Quant aux tribunaux de commerce, ils rendent toujours des services à ceux qui savent y faire et matraquent sans discernement les brebis égarées dans la jungle des affaires. Leur réforme est autrement plus nécessaire que le blanc seing pénal proposé par le président aux crapules de haut vol.
Aucun emploi ne sera créé, aucune vocation ne sera suscitée, aucune entreprise ne verra le jour parce que Sarkozy aura mis les mandataires sociaux hors d’atteinte de la justice. Mais le fléau qui depuis les années 90 venait titiller les patrons « voyous » est renvoyé par une présidentielle pichenette du coté des voleurs de bicyclettes, des atteintes aux biens et aux personnes comme on dit dans le jargon.
Ne comptez pas sur la ministre Rachida Dati pour faire entendre la voix de la Justice. Elle est aux ordres de son maître. Normal que les magistrats chipotent leur respect pour une garde des sceaux qui s’affiche impudemment avec la famille de son employeur : aurait-elle acquis ses galons en faisant des ménages, à moins que ce ne fut comme garde chiourmes chez les Sarko. Certainement pas pour l'intelligence de ses convictions ni pour sa capacité à se faire respecter autrement qu’en limogeant.