Par l’un de ces pieds de nez qui fait douter que l’histoire ait un sens, la cour d’assises d’Aix en Provence renverse le jugement qui innocentait le présumé coupable devenu l’assassin l’espace d’une délibération.
On ne commente pas un jugement de cour mais on ne peut que s’effrayer de la versatilité du peuple français au nom du quel la justice est rendue. Même au temps de Robespierre les sentences étaient distribuées avec plus de constance.
Qui peut croire que sans qu’un seul fait nouveau ait été révélé une cour d’appel de la république puisse innocenter le précédent criminel ou embastiller l’ancien innocent, tel que les avait jugé le jury d’avant. Quand cessera l’hypocrisie qui régit notre code pénal ? Quand cessera-t-on de croire en la vertu d’un jury citoyen soumis aux pressions d’une opinion qui exige qu’on lui offre des coupables ?
Etablir le droit d’appel sur une décision du peuple souverain c’était réfuter l’adage selon lequel : vox populi vox dei. Mais admettre qu’une peine puisse être aggravée en appel c’est faire fi de ce droit élémentaire, s’il n’est constitutionnel, que le doute doit bénéficier à l’accusé. La victime a trépassé, condamner un innocent est une seconde peine que la perspective d’acquitter un coupable ne peut effacer.
Dans cette vieille affaire du Palais de la méditerranée, dont on veut ici tout ignorer, la justice a envoyé au trou l’ex innocent coupable d’avoir éliminé la fille du casino sur ce qui ressemble trop à un coup de roulette.
Au palais de justice aussi le greffier peut clamer : « rien ne va plus! Faites vos jeux». Heureusement encore que la roulette n’y est plus russe.