Elle a le droit de changer d’avis, de faire du « Rocard » après l’avoir rembarré, de causer avec qui bon lui semble et aujourd’hui de courtiser Bayrou. Personne ne le lui contestera ! Elle peut aussi tournebouler son électorat, le désorienter et perdre dans la manoeuvre puisqu’elle ne peut récolter. C’est son choix.
Sa problématique est de gagner sur sa droite sans se découvrir sur sa gauche. Il ne s’agit pas de faire le grand écart, il s’agit de ne pas chuter écartelée.
On « n’aime pas les riches » et on « veut effrayer le capital » furent les thèmes racoleurs du vote utile du premier tour : et ils ont « payé ». Le PC laminé et la gauche de la gauche réduite à la portion congrue.
Mais il manque encore 15% pour mettre la droite à genoux, et ceux là sont chez le Pen et Bayrou. Ils n’ont rien de révolutionnaires, ne bouffent ni du curé ni du méchant capitaliste. Ils respectent l’école privée, leurs enfants sont fan de Mac Do, et ne sont pas enrôlés pour la lutte finale.
Les mettre dans le même panier, même si ce n’est qu’une urne électorale, relève de la mission impossible, sauf à travestir le rôle du président de la république.
C’est beau de rassembler, mais ce ne peut être que sur une idée fixe, celle de faire barrage à un adversaire commun. Encore faut-il que le président construise un chemin, pour réaliser un projet de société. Et il n’y a pas de projet commun entre les gauchistes de Besancenot, même rebaptisés anti-libéraux, et les petits bourgeois bien pensants qui ont assisté aux grands messes de Bayrou.
L’intelligence des électeurs est mise à mal par cette manœuvre contre nature. On peut se trouver dans des circonstances où aucun candidat ne proposant de choix acceptable, le salut réside dans le vote blanc. N’est ce pas l’issue honorable qui s’offre aux électeurs de Bayrou qui, refusant de rallier Sarkozy, ne veulent pas comptabiliser leur voix avec ceux des communistes et autres trotskystes… ?