Le scrutin des régionales pourrait entrer dans l’Histoire. Non parce qu’il va permettre à une coalition hétéroclite de rafler la mise; on a déjà vu des chambres introuvables bleu horizon, rose bonbon. Mais parce qu’il pourrait être le premier scrutin où le vainqueur sera désigné par moins de 12% des inscrits dans les régions où 4 listes se seraient maintenues.
Le débat s’est enlisé pour deux raisons essentielles.
1) L’électeur ne connait pas les enjeux. Le rôle dévolu à la région ne fait pas partie du bagage de monsieur Toulemonde. Même si nul n’est censé ignorer la loi, cette ignorance de l’institution régionale est une réalité dont les politiques sont responsables.
2) Il s’est enlisé parce que les deux groupes qui ont vocation à gouverner ont fait à part égale le pari de l’imbécilité du corps électoral.
La gauche continue à prétendre qu’on peut améliorer les retraites, les prestations, les services à la population et créer des emplois … de fonctionnaires bien entendu, sans remettre en cause la compétitivité de l’économie. Une fois distribué le providentiel écot payé par les futurs ex bénéficiaires du bouclier fiscal on s’apercevra que le roi PS est nu.
L’UMP s’est discréditée en prétendant contre toute évidence qu’elle n’avait pas mordu la poussière au premier tour. Mentir de façon éhontée ne fait que renforcer la conviction que cette majorité n’ose plus faire face à la réalité. Comment croire dans les promesses de ceux qui vont continuer à faire ce que les électeurs ont désavoué. Même si cette politique méritait d’être continuée encore fallait-il reconnaître que ses effets positifs ne pouvaient se mesurer qu’à l’issue d’une période dépassant l'horizon des régionales. L’admettre était sensé, et permettait de maintenir le cap, en expliquant à l’électeur que sous les pavés la plage l’attendait...
Quant à la campagne du second tour elle méduse l’observateur de la chose politique. La gauche racole comme une péripatéticienne de la rue St Denis n’oserait plus même le faire. A devenir gay !
La droite exploite les filons les plus éculés de la peur sécuritaire, comme si 30 années de mitard pour avoir descendu un flic s’échangeait contre quelques poignées de bulletins. Pitoyable échec du politique qui s’aligne sur le populisme démagogique sabordant ses propres pétitions.
Qu’un président de région soit élu demain avec moins de 10% des inscrits, voire avec quelques 5% des voix, celles des fonctionnaires attachées à ses basques et à leur traitement anéantira sa légitimité. C'est la réponse qu’un citoyen responsable peut formuler pour mettre un terme à ce déni de démocratie.
Alors dimanche prochain n'allez pas voter !