tout ou presque sur ce qu'il faut savoir....et rien ou si peu sur ce qu’il est loisible d’ignorer
L’outrecuidance du premier président de
Que ce monsieur Canivet ose interpeller le chef de l’Etat relève d’une interprétation clanique de la constitution. Que ce personnage réfute aux élus le droit de mettre un terme aux abus de ses pairs sonne comme un aveu de l’incapacité de cette caste à exercer dans ses rangs l’obligation de sanctionner ceux qui ont failli à leur mission*.
Un ministre de la justice impuissant devant la fronde des petits juges, refusant la suspension d’un galeux au crédit duquel on peut porter le discrédit de l’institution auprès de tous les justiciables, un président tolérant d’être harangué par une hermine rouge, sans instantanément le révoquer, c’est à la république des petits juges que cette fois ci Chirac a cédé.
Il est moins dangereux de vanter le principe de précaution pour un canard volant au H5N1 que d’affronter la fronde des magistrats quand on risque pour soi même la prison.
* On se souviendra de l'extraordinaire mansuétude dont a longtemps bénéficié le juge Renard. Les frères 3 points apprécieront.
« Je préfère penser que tout devient possible dans une société dont les actes ne sont plus contrôlés par l’opinion populaire….
Il y a eu sous le nazisme des centaines de milliers de Rudolf, moraux à l’intérieur de l’immoralité, consciencieux sans conscience, petits cadres que leur sérieux et leurs « mérites » portaient aux plus hauts emplois. Tout ce que Rudolf fit, il le fit non par méchanceté, mais au nom de l’impératif catégorique, par fidélité au chef, par soumission à l’ordre, par respect pour l’Etat. Bref en homme de devoir, et c’est en cela justement qu’il est monstrueux. »
Ce texte extrait de la préface du roman de Robert Merle « La mort est mon métier », date de 1972, longtemps après Nuremberg, longtemps avant Outreau. Tout y est dit du petit chef, bien noté dans tous les rapports, moral, calculateur, rouage efficace de la machine, fasciste par démission de son statut d’homme libre.
Seuls les acquittés d’Outreau pourraient nous rassurer : ce portrait ne leur évoque en rien le petit juge Burgaud.
Ils auraient raison, il s’agit de Rudolf Hoess, SS-Sturmbannführer, kommandant ultra performant du camp d’Auschwitz, de son histoire banale de fils bien élevé, de premier de classe, de fonctionnaire zélé, de mari et de père attentionné qui devient par glissements successifs le plus efficace des techniciens de la solution finale.
On est bien loin de cette histoire d'Outreau, mais que le rapprochement puisse être fait, donne froid dans le dos.
L’actualité est riche des ces faits divers accablants. Une ambulance détournée par deux jeunes écervelés fauche 4 passants à Tourcoing : une adolescente n’a pas survécu, une voiture empruntée croise une jeune femme à Sotteville les Rouen : une personne entre vie et trépas. Le couteau d’un lycéen percute un de ses professeur : une enseignante sérieusement blessée. Les objets cités ne m’accuseront pas de porter atteinte à leur présomption d’innocence – du moins je l’espère !
Il fut un temps où les violences dont les auteurs sont identifiés, où les faits sont flagrants et leurs causes corrélées, sans l’ombre d’une ambiguïté, auraient été relatés par un lapidaire : un voleur de voiture écrase quatre petites filles sur un passage clouté : 1 mort, 4 blessés graves. Le chauffard est sous les verrous.
Il est interdit de s’exprimer ainsi, même si cette version est conforme à la réalité. Aux yeux de la loi elle n’est pas vraie, le meurtrier étant présumé bon conducteur, la seule possibilité qui s’offre à nos esprits cartésiens pour expliquer un tel drame c’est que le passant a causé l’accident que le conducteur n’a pas su éviter. Que font donc les passants sur les passages zébrés : ils sont présumés coupables puisque les chauffards sont supposés innocents : élémentaire mon cher Watson !
Voila le résultat de cette sémantique. Elle oblige la victime à justifier de s’être trouvée sur la trajectoire d’une voiture volée aux mains de délinquants drogués que le JT vous a implicitement présenté comme de petits contrevenants présumés innocents des désastres dont on refuse de leur faire endosser la paternité.
Alors si l’on veut changer les mentalités, donner le sens de la responsabilité, inutile de dépenser beaucoup d’argent, revenons en simplement à l’époque où les assassins avaient à prouver leur innocence et les victimes pouvaient réclamer réparation pour leur souffrance.
C’était en France avant janvier 1993 et la loi appliquant la présomption d’innocence aux flagrant délit, c’était tellement liberticide qu’en ses temps là les prisons hébergeaient tout juste la moitié de la population qu’elles connaissent aujourd’hui. Le mot présumé n’avait pas droit de cité, quand le flagrant délit était constitué.
Condamné à 11 ans et demi de prison il en aura fait en tout et pour tout 5 mois et demi, un petit 4 %. C’est certainement 165 jours de trop pour qui croupit dans un cachot, mais on croit savoir que le quartier VIP de
Quand Tapie s’épanche sur les radios pour expliquer qu’il a largement payé et qu’il eut été inique qu’il retourne derrière les barreaux il a du tirer quelques larmes chez les taulards qui pour la plupart ne recevront pas à leur sortie un viatique de 127 millions d’euros.
Il y a certainement des jours où dans les prisons on préférerait être sourd…
Restons zen ! La justice déjà déconsidérée à Outreau, vole au secours des obscurantistes dans le Loiret. Chirac peut être satisfait, sa réforme de la constitution, au nom du principe de précaution, ravale
Les Etats du Vatican ne procédaient pas autrement quand ils brûlaient Giordano Bruno et faisaient abjurer Galilée : et pourtant elle tournait !
Cette relaxe des faucheurs de champs de maïs transgénique, après l’interdiction des expérimentations sur les cellules souches, détruit les fondements de la recherche dans les bio technologies dont le moins avisé des français sait qu’elles seront pour ce début du 21 ème siècle ce que furent les technologies de l’information pour la fin du 2O ème.
Bové, Mamère et consorts eussent-ils sévis dans les années soixante, on utiliserait, à la place de nos PC, encore des bouliers.
* Etats Unis de Georges W Bush
Il y eut un mort, suicidé ; des innocents comptabilisant des dizaines d’années d’emprisonnement, des familles éclatées, des vies brisées, des divorces, des faillites, des torrents de larmes et de boue, des haines inextinguibles sans parler de la honte ou de la suspicion jetées sur des petites gens au vu et au su de leurs voisins, de leurs copains enfin de tout ce qui compte pour tout un chacun, et un coupable ineffable qui pérora devant le tribunal où il flanqua tous ces gens là.
Dans quel pays un tel quidam, meurtrier par suffisance, bastonneur par incompétence, destructeur par procuration est exempté d’avoir à rendre compte de ses méfaits devant la société, n’est pas même sommé de comparaître devant
Il n’y avait pas que l’URSS de Brejnev, ou
C’est un pays où conduire au dessus de la limite peut vous mener en prison, vous faire perdre vos points et parfois votre job, mais où arrêter les trains, les métros ou les bus vous gratifie d’un statut qui se monnaie en primes, augmentations, abaissement de l’age de la retraite et où envoyer en prison des innocents est la garantie d’une promotion et des primes subséquentes.
C’est l’égalité des chances façon Chirac. Entre fonctionnaires on se serre les coudes. Alors pas une seule voix ne s’est élevée pour exiger la démission, la mise à la retraite, au minimum la contrition de ce galeux. Non, le système l’a défendu, l’a protégé. La première digue qui cède et c’est toute une profession qui découvrirait à ses dépens qu’il était plus aisé d’être juge intouchable que justiciable présumé coupable.
Le silence de ses pairs, l’abdication de sa tutelle, l’absolution donnée sans une once de contrition par une classe politique incapable de discerner ce qui heurte les citoyens et les fera basculer le jour venu dans le giron d’un talentueux racoleur. C’est ça l’affaire dans l’affaire : le scandale de l’impunité du juge Burgaud.
Le problème avec l’expérience c’est qu’elle ne se transmet pas : elle s’acquiert, au fil des ans. Imaginons un instant que ce soit l’inverse ; que ne serions nous riches de tout ces acquis par les générations qui nous ont précédées si, par quelque alchimie, tout ce savoir accumulé pouvait nous être inoculé. Que d’erreurs n’aurions nous pas à re-commettre avant d’en arriver toujours à la même conclusion que le feu brûle, le froid transperce et la pluie mouille. Le progrès nous aurait épargné tous ces malheurs récurrents. On saurait que la guerre tue sans la faire, que la foi ne déplace pas les montagnes sans avoir besoin de croire et que l’homme est un loup pour l’homme sans attendre d’avoir été mordu.
Heureusement la réalité est autre et on peut se laisser aller à rêver. Mais c’est le règne de Sisyphe ou presque. Notre inné s’enrichit bien peu de génération en génération et l’essentiel reste à re-découvrir. Au point que l’on s’interroge : ces adultes qu’ils sont devenus, ont-ils été enfants ?
Ont-ils occulté la capacité de cet age là à la dissimulation, à l’affabulation, à la manipulation? Quel enfant n’a pas fait marcher ses parents? Leur capacité d’invention n’a d’égale que leur besoin de faire l’intéressant, fonctions inverses de l’écoute qui leur est prodiguée. Pas la peine d’avoir fait « Psy » à Nanterre, il suffit d’avoir été jeune et de s’en souvenir.
Cette longue digression pour rendre compte du malaise que suscite ce nouveau procès d’Outreau et la mise en scène des « enfants de la tour infernale ». C’est le sort des accusés que notre système fait dépendre des névroses de gamins et des refoulements des jurés.
Et il n’y a personne pour s’en offusquer. On pensait pourtant que l’Instit Brel avait détruit à tout jamais la sanctification de la parole enfantine. Mais une fois encore l’expérience ne sert à rien. On avait pris nos désirs pour des réalités. Dans ce pays brûler des voitures ne mène à rien, surtout pas en prison, mais être dénoncé par le gamin de sa voisine vous conduit droit à la roulette d’une Cour d’Assises. [1]
Outreau le retour. Tout a été dit, ou presque. Le voyage au bout de l’enfer des victimes de cet accident judiciaire raconté par des plumitifs plus ou moins inspirés enrichira pour sûr les éditeurs de faits divers. On n’est jamais en manque de lecteurs quand on exhibe le plus sordide dans la race humaine.
Les erreurs, le calvaire des faux coupables, l’insupportable morgue du juge auquel on arroge le droit exorbitant de n’être pas jugé pour les fautes irréparables qu’il a refusé d’admettre, le mépris de l’institution qui prétend racheter par quelques sous le désastre dont elle refuse de désigner les responsables. Tout aurait été dit si on avait essayé de comprendre l’incohérence de la décision.
Qu’à
Imaginez que l’on puisse attendre de citoyens normaux la capacité d’évaluer des comportements pervers, les croire capables de mesurer sur une sorte d’échelle de Richter l’ampleur de la peine qui doit s’appliquer dans des cas dont ils n’imaginaient pas qu’ils existent ailleurs que dans le cerveau de romanciers pervers, c’est méconnaître l’ingénuité et la crédulité qui heureusement habitent la majorité de nos concitoyens.
Il est irraisonnable de demander à un groupe constitué de gens normaux de porter un jugement sur des actes aussi éloignés des petits méfaits dont ils peuvent être coutumiers. Le jury prétendument populaire était la bonne conscience nécessaire à l’application des peines les plus sévères. Mais depuis l’abolition de la peine de mort cette institution n’a plus de raison d’être. Des juges professionnels ayant à connaître de toutes les turpitudes dont nos contemporains sont capables éviteraient l’extrème inégalité des condamnations prononcées pour des forfaits similaires.
Et surtout mettre pendant trois semaines des jurès en situation d’avoir à entendre les plus répugnants des faits divers constituent de surcroit une agression qui n’a plus de justification.
Bizarrement ce procès là on ne le fait pas. [1]
Quand la réalité dépasse la fiction, c’était le titre d’une rubrique cocasse que publiait un journal sérieux des années 60. C’était avant le poids des mots, déjà le choc des photos ! Dans cet esprit, l’incongruité des nouvelles données ce matin par la radio va enrichir notre chapitre « quand les bornes sont franchies il n’y a plus de limites… » dont la source semble plus que jamais intarissable.
Ce n’est pas qu’un prisonnier se soit fait la belle à Brest ou à Quiberon, à Tulle ou à Pompadour qui nous interpelle. Il y aura toujours des évasions. Mais qu’il se soit trouvé des petits chefs dans une administration, coiffés par des chefs, oeuvrant sous l’œil attentif de hauts fonctionnaires, imbus de leur statut et de leurs prérogatives de représentants de l’Etat et que tout ce joli monde ait consenti à ce qu’ici un détenu fasse de l’équitation, et que là, un autre s’adonne à la plongé sous marine, me laisse pantois. Apprendre le trot, le galop, le saut d’obstacles quand on a connu que le vélo, pratiquer la pêche au gros quand on s’était contenté de piéger les gogos, découvrir le vol à voile quand on n’a pratiqué que le vol à la tire, c’est la promotion que l’administration pénitentiaire permet à ses hôtes aux frais de la princesse.
Qu’accessoirement les zigotos qui bénéficièrent de ces largesses en profitent pour prendre la clé des champs n’ajoute que très peu à l’inepte de cette histoire. Cela aura seulement permis à l’absurdité de cette situation d’exploser à la face de cette administration. Avec les conséquences que vous savez : la promotion des impétrants.
Par un étrange concours de circonstances, c’est à un nommé Clément que sont confiées les clés des pénitenciers de
La commission de magistrats chargée d’enquêter sur le juge Burgaud conclut qu’il n’a commis aucune faute et ne porte aucune responsabilité dans le fiasco d’Outreau. C’est à proprement parler stupéfiant !
Quel juge ne pourra jamais être déclaré responsable si ce déni de justice n’est pas rapidement éffacé.
Ce petit fonctionnaire incompétent, individu mal dégrossi bourré de complexes s’est acharné sur plus minables que lui au mépris de toutes les règles de présomption d’innocence. Il pouvait jouir, il s’attaquait à plus médiocre. Il a méprisé ses victimes, refusé d’entendre leurs suppliques, leurs sos pathétiques au point d’en conduire certain au suicide et d’autres aux grèves de la faim.
Ce triste sire qui n’a pas cru devoir regretter en public les dramatiques conséquences des incarcérations qu’il a infligé aux 13 vrais faux accusés vient d’être blanchi par ses pairs. Cette profession ne pourra donc jamais se déjuger !
L’amnistie de l’ex ministre Guy Drut, le blanchiment du piètre juge Burgaud : notre justice est à la dérive. Quel français peut encore avoir confiance dans une institution prompte à disculper les justiciables véreux et incapable de sanctionner ses brebis galeuses ?