Rien ne peut se faire sans elle, sans son assentiment, ou au minimum sa neutralité bienveillante. Et quoique son influence soit omniprésente jusque dans la moindre bourgade reculée du désert auvergnat, elle n’est pas invitée, pas sollicitée encore moins convoquée par les candidats.
Voudraient-ils laisser croire qu’ils ont la liberté d’agir à leur guise, qu’ils ont l’intention de prendre leurs aises avec ses directives qu’ils n’agiraient pas autrement.
Certain(e) par forfanterie vont jusqu’à la chapitrer, prétendre lui imposer leur idéologie, lui enjoindre d’appliquer à tous ses membres le fruit de leur élucubration. Peut-il y avoir plus grande mystification que de clamer « si je suis élu, l’Europe se pliera à mes décisions » ?
Pauvre Ségolène, pauvre François, un peu de décence !
Votre défausse sur son compte pour toutes les mesures impopulaires que vous lui avez imputées sans avoir le courage de les endosser, et sur ce terrain c’était à celui qui en rajouterait la plus forte couche dans le « on s’est battu comme des lions, mais c’est la faute à Bruxelles ».
Et puis, parce qu’il a joué sa partition de jusqu’au boutiste plus loin que tout autre, Chirac a créé en Europe un rejet de
Dans ce contexte accablant on comprend que l’Europe soit l’absente. Les héritiers de Chirac ont besoin des voix des paysans-fonctionnaires, les centristes sont tétanisées par le rejet de l’idée européenne dans l’inconscient des français, quant à la gauche elle a manqué imploser sur la question constitutionnelle.
Et pourtant l’Europe sera toujours là, au lendemain du deuxième tour, à fixer les limites à notre futur dirigeant. On comprend qu’il préfère taire qu’il a abdiqué beaucoup de libertés plutôt que de revendiquer qu’il se battra pour les récupérer.
Seuls Le Pen et les petits candidats annoncent – sans risque de mise en pratique – qu’ils ne veulent plus de cette Europe là. Mais pour les autres c’est l’omerta.