C’était Janus à la télé. Quand Bernard parlait, Kouchner se marrait et quand Kouchner soliloquait c’est Bernard qui l’arrêtait. Ce dédoublement de personnalité rend notre homme sympathique au point que les français le placent en tête dans les sondages. Le magicien a toujours un registre pour plaire et un autre pour agacer. Il en joue, et comme les acteurs il n’est pas à l’abri de la représentation de trop : rappelez vous le sac de riz.
Mais si vous ne vous contentez pas de l’icône et cliquez sur le mulot alors vous accédez à Bernard Kouchner. Syndicaliste étudiant, médecin, french doctor, ministre de la santé, créateur des ONG, théoricien du droit d’ingérence et accessoirement membre du PS.
Cette bête de scène a besoin d’un auditoire pour s’exprimer et ses camarades feront tout pour le tenir hors des tréteaux : ils ne soutiennent pas la comparaison. Ils le condamnent à la marginalisation, la seule façon de ne pas en être victime à leur tour.
Ni énarque, ni fonctionnaire il sait ce que chercher du travail veut dire. Il mesure la stupidité des 35 heures, il justifie l’augmentation du coût de la santé laissé à la charge de l’assuré, il a guerroyé pour le oui au référendum et s’offusque qu’un partisan du Non détienne le portefeuille européen dans le gouvernement fantôme de François Hollande. C’est en toubib qu’il porte un diagnostic exempt de dogmatisme sur l’état du pays. Il est fréquentable ce monsieur là : c’est bien ça qui dérange dans les états major.
Y a-t-il un chemin hors des partis pour un homme crédible, lucide qui se méfie des vaches sacrées mais les tolère suffisamment pour payer sa cotisation de membre du PS. On doute qu’il ait encore quelque chose à espérer. En aucun cas ils ne l’adouberont mais ni Bernard ni Kouchner ne peuvent rêver de refaire le coup de Mitterrand, une OPA sur le parti des pachydermes.
Si un Kouchner demain devait se présenter devant les électeurs c’est le système des partis qui s’écroulerait, leurs réseaux qui s’assécheraient, les copains qui se détourneraient et les permanents n’auraient plus qu’à rejoindre l’ANPE la plus proche.
Pas de danger si Bernard y croit, Kouchner lui nous a laissé son adresse email : dès fois qu’on ait pour lui un emploi !