C’est elle la perdante, elle que ses protecteurs ont baptisé l’or bleu. Elle deviendrait la ressource la plus convoitée du siècle à venir et voilà qu’elle joue les filles de l’air, s’évapore pour former un nuage qui assombrira les perspectives d’un deal dont elle a été trop rapidement exclue. Sortir l’eau du pacte GdF Suez pourrait s’avérer une erreur stratégique. Cela rappelle Vivendi et la sinistre mésaventure de JMM, l’éphémère maître du monde, bradant l’activité « Générale des eaux » pour financer ses acquisitions dans la nébuleuse de la virtualité. On sait ce qu’il advint de ce visionnaire dont l’entreprise fut in extremis sauvée de la noyade par les rentes tirées de la distribution de l’eau.
Le business de l’eau et des métiers qui lui sont liés est appelé à un développement durable. Deux des leaders mondiaux sont nationaux et par conséquent infusionnables. C’est un pari risqué de déstabiliser une entreprise leader – l’ex Lyonnaise des eaux - dans ce secteur stratégique où les échéances se comptent en dizaines d’années pour satisfaire les contraintes politiciennes qui se déclinent à la petite semaine.
C’est ce qui vient d’être fait en quelques jours, comme si les enjeux de la filière eau n’étaient pas aussi lourds de conséquence que ceux de l’approvisionnement en gaz. A la lumière du précédent Vivendi, on peut craindre que son homologue Suez n’ait, en troquant l’eau pour du gaz, choisi le mauvais filon.