D’un même élan, les candidats prônent la non discrimination, l’égalité des chances et autres bons sentiments. Qui pourrait s’opposer à un tel objectif ? Ni les vrais républicains, ni les faux démocrates, ni les bons chrétiens, ni aucun de ceux qui un jour ont cru à cette devise bien désuète : liberté égalité fraternité. Peut être nous faut-il de temps à autre dépoussiérer nos vieux ornements. Ce ne sont ni les germains, ni les autrichiens qui renieraient leur fières devises, ni les américains qui se sont mis hors du temps en invoquant Dieu, ni même ces perfides anglais qui livrent une morale intemporelle à la quelle nous ne pouvons objecter. Mais que dire de notre devise si ce n’est qu’elle fleure bon le ringard franchouillard.
Liberté ; Qui peut l’invoquer sans se souvenir qu'en son nom tant de crimes ont été commis ? Elle n'est pas même contestée à ceux qui nous en amputent quand ils en font un usage qui empiète sur celle de leur contradicteurs.
Egalité ; C'est un mythe hérité du siècle des Lumières et vidé de tout contenu depuis que ces Lumières se sont paisiblement éteintes. Associée à la chance elle reste très hypothétique. C’est l’archétype d’une abstraction dont les mathématiques se sont emparées et qu’on devrait leur laisser tant elle est impuissante à représenter tout autre réalité.
Fraternité ; Qui l’a déjà rencontrée ? Ce n’est ni l’amitié ni le copinage, mais cet élan qui l’espace d’un conflit rend frères d’armes ; on comprend qu’elle fut partagée par les paysans soldats va-nu-pieds qui boutèrent à Valmy les coalisés et gagna à ce titre le droit de figurer sur les frontispices de toutes nos mairies.
Notre devise issue de l’euphorie révolutionnaire ne reflète pas plus l’idéal citoyen de notre temps que les paroles vengeresses de notre hymne national n'ont de sens dans une enceinte sportive et pacifique.
Comment lutter conte la discrimination sans entorse à la liberté. Puisque la discrimination résulte de la différence et que la différentiation est à l’origine de tout ce qui est de l’ordre du vivant, lutter contre la discrimination c’est imposer un ordre artificiel au profit de ceux qui la revendiquent. Les américains pionniers dans cette démarche en ont vite mesuré la perversité et ce n’est pas la querelle sémantique sur le fait qu’elle soit ou non positive qui change l’essence du débat.
La nature est inégalitaire, nous sommes tous différents, beaux, riches intelligents quand ce n’est pas tout le contraire. Certains sont plus égaux, paient plus d’impôts, sont mieux portants, cotisent tout autant, sont plus futés et trouvent toujours à être employés. Il faut que cela cesse !
De grâce, qu’une Haute Autorité lutte contre ces scandaleuses discriminations que l’on soit enfin tous égaux, tous chômeurs, tous malades, tous indigents mais surtout qu’on élise le Meilleur président. Sans pitié pour les perdants !